" Il n'y a pas de problème : le prisonnier est un être sacré parce que c'est un être livré et qu'il a perdu toutes ses chances."
" Nous ne voulons plus que l'on " joue " avec les hommes. Tout ce qui peut ressembler même de loin à ce que nous avons vu là-bas, nous décompose littéralement. "
Ces phrases écrites par Robert Antelme, en 1945, peu après sa sortie du camp de Dachau, en rapport au sort réservé en France aux Allemands prisonniers, nous ont semblé d'une actualité telle qu'elle justifie la réédition aujourd'hui de ces deux courts textes parus dans la revue Les vivants. Cahiers publiés par des prisonniers et déportés. © Farrago

Robert Antelme (Sartène 5 janvier 1917 - 1990) est un poète et résistant français.
Déporté aux camps de Buchenwald et de Dachau, il est l'auteur d'un livre sur les camps de concentration : L'Espèce humaine.
En 1939, il épouse Marguerite Duras qui travaille alors pour une maison d'édition. Leur premier enfant, un garçon, meurt à la naissance en 1942. La même année Marguerite Duras fait la connaissance de Dionys Mascolo qui devient son amant.
Pendant l'Occupation, Marguerite Duras et Robert Antelme sont membres de la Résistance. Leur groupe tombe dans un guet-apens, Marguerite Duras réussit à s'échapper aidée par Jacques Morland (nom de guerre de François Mitterrand), mais Robert Antelme est arrêté et envoyé dans un camp le 1er juin 1944. Après un passage à Buchenwald, il est conduit à Gandersheim, un petit kommando dépendant de Buchenwald, où il est logé dans une ancienne église désaffectée, à proximité d'une usine.
À la fin de la guerre, François Mitterrand retrouve Robert Antelme dans le camp de Dachau, épuisé et miné par des mois de détention dans des conditions très dures (il souffrait du typhus), et organise son retour à Paris. Robert Antelme fonda, en 1945, avec Marguerite Duras, une maison d'édition, “La cité universelle”. Le couple divorça en 1946, mais ils travaillèrent encore ensemble. Après la guerre, il continue donc un travail discret dans les milieux littéraires, collabore aux Les Temps modernes et milite au Parti communiste français, dont il est exclu en 1956, après la répression par les troupes du pacte de Varsovie de l'insurrection de Budapest. Pendant la guerre d'Algérie, Robert Antelme est signataire du Manifeste des 121. © Babelio